1 - Le poivrot

 

Petite tête peinte. Illustre la façon dont la forme de la pierre détermine le sujet représenté. Elle appartient à une série nommée "Les grandes gueules". J'ai beaucoup peint de têtes, surtout dans mes débuts, la variété des figures et des expressions était si grande que je ne pouvais pas résister à toutes ces sollicitations.


2 - Grosse femme qui passe

 

Scène humoristique. Illustre la façon dont la forme de la pierre détermine le sujet représenté.


3 - Zénobie

 

Cette pierre en forme de poire évoque immanquablement une silhouette féminine. La partie supérieure est cassée laissant apparaitre le silex noir et brillant hors de sa gangue. L'enveloppe naturelle de la pierre est devenu le riche manteau de cette Zénobie dont le visage cubiste émerge dans la partie supérieure.

 


4 - Ouistiti

Cette petite pierre ressemble à une mousse épaisse. Le noir affleure difficilement sous ce blanc trop épais. Soudain, apparait une petite figure semblant s'arracher à cette épaisseur de glu. Petit animal s'échappant d'un sable mouvant et criant à l'aide ou apparaissant furtivement de sa forêt primaire et ahuri d'être arrivée à sa limite ? Il a la bouche ouverte mais ne crie pas. Il va vite retourner d'où il vient.


5 - L'envol

 

Personnage prenant son envol : l'étonnante légèreté de la pierre.


6 - Azraël

 

Azraël est l'ange de la mort. Un petit objet naturel ramassé sur la plage (os, corail, fragment de squelette d'animal marin ?) difficilement identifiable auquel est incrusté un coquillage m'a semblé une tête de mort. Les dents de requins ont également évoqué en moi des images de mort. L'idée était là. L'assemblage de ces éléments avec une pierre, des fragments de coquille St Jacques roulés par la mer a donné forme à cet ange de la mort.


7 - Il manque un bout à m mémoire

 

La tête de cet homme s'est présentée à moi, dans les marbrures de la surface de la pierre. Il a suffit de quelques traits de peinture pour faire ressortir ce visage pensif, halluciné, hagard. Il a perdu un morceau de son crâne, perdu un peu de sa mémoire. Erre-t-il à la recherche de son nom, de son chez soi ? Est-il perdu, enfermé ou entouré, préservé ? Il ne le sait sans doute pas lui-même.

 

Cette peinture est l'une de celles qui sont, de la façon la plus évidente, sorties de la pierre. Nous voyons des visages dans les nuages, les branches d'arbres, les cailloux, mais il n'est pas toujours facile de concrétiser ces visions. Un trait net pour dessiner le profil, deux autres pour souligner les yeux, un point pour évoquer une bouche étonnée ont suffi pour créer ce personnage. Lui donner un corps a permis l'inclinaison juste de la tête, qui est nécessaire à l'expression du personnage .


8 - Malheur au vaincu

 

Cette œuvre me fait peur. Elle évoque pour moi l'horreur de la défaite aggravée de l'humiliation et des sévices réservés aux vaincus. La défaite devrait suffire, quelle que soit cette défaite. Pourquoi la loi des hommes ajoute-t-elle la souffrance à la souffrance ? La rugosité de la pierre, ses reliefs n'appelaient pas une histoire joyeuse et c'est cette vision violente, ce personnage pitoyable qui est apparu. Cette pierre me fait peur et elle m'est chère entre toutes. Elle est l'une des plus grandes de mes œuvres et la plus lourde aussi.


9 - L'ogre

 

La scène représentée sur cette toute petite pierre est la vision dramatique d'un tout jeune enfant aux prises avec son tortionnaire. Bourreau d'enfant, pédophile, c'est la version réaliste de l'ogre. Je ne dis pas contemporaine car les ogres ont toujours été les mêmes. Ils ont juste aujourd'hui changé de nom.


10 - Un clou dans la tête

 

Cette tête est-elle celle d'un martyr ou la représentation imagée d'un fou ? C'est un homme - ou une femme - qui souffre horriblement. Est-il la ridicule victime d'une chute malencontreuse ou celle dramatique d'un tyran domestique ? Ou d'un tyran politique ? Quel est ce clou qui s'enfonce dans son crâne ? Un instrument de torture ou un horrible mal de tête ?


11 - La prophétesse

 

La Bible ne compte que sept prophétesses. Ce sont des femmes graves comme leurs homologues masculins. La mienne est souriante et affable. Elle porte le bâton du pèlerin, distribue les pièces d'or et toute sa personne resplendit d'or, on s'incline sur son chemin, on la vénère.

En vacances à Jérusalem, j’ai vu ces faux prophètes, hommes et femmes hallucinées criant leur foi, portant leur croix sur le chemin de Jésus jusqu'au calvaire. L'une d'elle était vêtue d'une robe blanche et dorée. Je ne me souviens pas ses paroles, il est probable que je ne les ai pas comprises alors, proférées en quelle langue ? Elle était impressionnante quoiqu'un peu ridicule, je ne l'aurais jamais suivie. Ma petite prophétesse n'est pas de cette sorte, elle ne sort pas de la Bible non plus. Elle se situe entre les deux, à une distance raisonnable, elle est parfaitement humaine, bonne et rassurante.


12 - L'homme et le hareng

 

Cette miniature est une scène "belle comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie". Je n'avais pas la place de mettre le tout, j'ai juste mis une tête d'homme et un hareng


13 - Grande mère

 

Cette pierre est l'une des toutes premières que j'ai peintes après une interruption de 8 années pendant lesquelles ma vie a subi de profondes transformations.

La maternité est un de mes thèmes récurrents. J'aime représenter la gravité de cette fonction et de cet état. Cette "Grande mère" est une image de la gravité tranquille et vigilante de la maternité. Elle est polymorphe : animale, elle est peut-être ovipare - elle tient un œuf contre son cœur - peut-être marsupiale - un petit sort la tête de ce qui est peut-être sa poche ventrale. Son humanité réside dans ses mains attentives et protectrices et dans son visage, car elle a un visage. Elle ne sourit pas, ses yeux sont fatigués. Mais son port est d'une grande noblesse.


14 - Maternité

 

Lors d'un séjour à Londres en 2006, j'avais été très impressionnée par une statue exposée à l’extérieur du British Museum représentant le corps nu d'une femme enceinte, jeune, et démunie de bras et de jambes. La femme représentée était une femme réelle, (je n'ai noté ni son nom ni celui de l'artiste qui l'avait représentée et n'ai jamais cherché à retrouver cette œuvre). Elle me semblait rayonnante et j'étais touchée de ce que cette femme contrefaite ait été aimée et qu'elle puisse vivre ainsi une vie aussi banale et heureuse. C'est ce que je me figurais. Cette image est restée si fortement inscrite dans ma mémoire que je l'ai retrouvée dans cette drôle de petite pierre.


15 - Ancienne beauté

 

J'avais d'abord peint une tête que j'avais appelée "Femme-mante". Quelque temps plus tard, je commençais à associer et coller plusieurs pierres entre elles pour créer de petites statuettes. J'avais fait une "Dame au chapeau" qui était une sorte de brouillon, de prototype de mes créations ultérieures. On retrouve dans cette "Ancienne beauté" le chapeau de coquillage. La pierre recourbée évoquait tellement un corps courbé par l'âge. J'ai représenté plusieurs fois et de façon très différentes des vieilles personnes. Celle-ci est peut-être la plus pathétique. La vieillesse ne me semble pas toujours ainsi mais mes représentations de la vieillesse le sont souvent car les vieux, dans leur fragilité, me font de la peine.


16 - Ben vieux

 

J'ai représenté ici un ami – qui n'était pas vieux alors – tel que je le voyais au moment de sa grande vieillesse. La pierre avait ce grain accidenté comme la peau d'un vieillard, cette forme anguleuse comme était déjà osseux cet ami et me permettait de figurer la posture exacte d'un vieux qui attend… peut-être la mort.


17 - Ange débutant

 

Ce petit ange ouvre si largement ses ailes coquillages, il porte naturellement l'auréole mais semble sceptique devant les premières visions de son arrivée dans le monde. Non ce n'est pas le paradis. Comme lui, je suis partagée entre une vue idéalisée du monde et une grande prudence devant ses pièges et ses mensonges.


18 - La créature

 

Dans les mains de cette créature repose en confiance le visage d'un petit enfant, ou celui d'un adulte. Je l'ai appelée "Créature" car je ne sais si elle est une personne humaine ou une bête, mais, comme ma "Grande mère", elle possède de grandes qualités de tendresse et de puissance.


19 - Flamme blanche

 

Un visage sévère et revêche avec une pointe de tendresse, de vulnérabilité et de poésie dans cette grande chevelure qui s'envole. On ne sait s'il est masculin ou féminin. Je suis toujours troublée par les personnes ne présentant pas une personnalité très fortement sexuée et également touchée par cette indétermination.


20 - Sur la sellette

 

Selon l'angle sous lequel on observe cette statuette, la figure nous apparait timide, mutine, gênée, innocente, mais toujours douce. Comme un enfant ou un être fragile.


21 - Ancienne divinité

 

J'ai ainsi peint plusieurs pierres qui me semblaient présenter une rigidité supérieure à celle des autres pierres. Et avec cette rigidité, une certaine noblesse empreinte d'un sentiment hiératique qui me semblait correspondre à ce qui émane de certaines antiques divinités monolithiques.


22 - Les choristes

 

Ces deux pierres avec leurs bouches toutes grandes ouvertes chantent à pleins poumons et avec application. Je les ai naturellement associées. J'ai moi-même longtemps chanté en chorale.


23 - à Schiele

 

En 2006, j'ai visité l'exposition "Vienne 1900" au Grand Palais à Paris. J'avais aimé la représentation d'une ville par Egon Schiele et l'avais représentée ainsi à mon retour, sur une toute petit pierre.


24 - à Dubuffet

 

Rencontre de Dubuffet qui faisait exactement comme moi ! C'est du moins ce qu'il me semblait. Alors j'ai dédié cette pierre à ce grand maître.